C'est un défi d'envergure que nous nous sommes lancés pour nos congés d'été : reproduire dans notre jardin un bassin naturel alimenté par un ruisseau.
Il m'aura fallu une matinée de tests avec le tuyau d'arrosage pour définir l'emplacement, l'agencement et la forme des bassins et du cours d'eau.
L'après-midi même, nous passons à l'attaque ...
Des paliers sont créés en prévision des futures plantations.
Après le bassin du haut, le lit de la future rivière prend forme à son tour.
Ainsi s'achève la première journée.
A ce moment, en principe, il restait uniquement à creuser le bassin du bas et fignoler le lit de la rivière avant de passer à la suite ...
Le lendemain, c'est reparti ...
Le problème quand on creuse, c'est que c'est parfois difficile de s'arrêter ... Une fois lancés, on (enfin ... je ...) se dit que ce serait encore mieux si on agrandissait par ici, puis par là, et encore un peu ici.
Et de deux petits bassins initialement sur papier, on se retrouve avec deux bassins de tailles plutôt honorables.
Pour déterminer la profondeur, nous avons choisi une méthode peu orthodoxe ... Notre petite Claire nous a servi de repère ... Je souhaitais que l'eau ne monte pas plus haut que ses épaules.
On est bien d'accord qu'un enfant peut se noyer dans 50 cm d'eau, mais les risques sont quand même nettement plus élevés si l'enfant n'a pas pied ...
Le troisième jour, je me suis rendue chez un spécialiste des jardins aquatiques à Courrières : Aquapassion.
J'ai eu la chance d'être accueillie par une dame formidable qui m'a consacré plus de 2h30 - sans rendez-vous préalable - pour réfléchir à mon projet et déterminer tout ce qui était nécessaire à sa réalisation.
Je souhaitais créer quelque chose de très naturel. Quoi de mieux alors qu'une lagune pour la filtration. Une lagune doit avoir une profondeur de l'ordre de 60 cm. Le bassin du haut serait donc consacré au lagunage (un tuyau de drain au fond du bassin recouvert de 40 à 50 cm de pierres de lave et de nombreuses plantations pour filtrer l'eau).
Une filtration naturelle est censée fonctionner comme suit : les déchets (animaux et végétaux) sont transformés progressivement en nitrites puis en nitrates grâce à des micro-organismes (bactéries), et ces nitrates nourrissent les plantes. Si on parvient à équilibrer la quantité de plantes et la production de nitrates, l’eau est alors naturellement nettoyée.
Comme toujours, tout est une question d'équilibre. Cet équilibre est souvent rompu par la présence de poissons en trop grand nombre dans les bassins. Mon objectif n'étant pas de créer un vivier à poissons, il devrait être plus facile d'arriver à cet équilibre. Je l'espère en tout cas ...
Evidemment, une lagune et une pompe hors bassin demandent beaucoup plus de travail de mise en oeuvre qu'une pompe avec filtration classique placée au fond du bassin. Pourquoi faire simple quand on peut se compliquer la vie ...
Ce n'est pas tout à fait vrai. On parle de choses très différentes, du moins en ce qui concerne la filtration. La lagune présente de nombreux avantages au niveau de la biodiversité, pour un entretien sur le long terme nettement simplifié par rapport à l'utilisation d'une filtration classique. L'entretien d'une lagune est grosso modo similaire à celui d'un jardin d'ornement. Il faut entretenir les plantations en coupant et nettoyant ce qui doit l'être.
Afin d'éviter un encrassement du tuyau de drain sur le long terme, un système de backwash est prévu. Il s'agit d'une vanne qui permet de nettoyer le tuyau de drain. Il suffit de l'ouvrir quelques secondes de temps à autre pour que les sédiments s'évacuent et éviter ainsi un colmatage.
Le backwash doit être situé vers le fond de la lagune pour un nettoyage aussi efficace que possible.
De retour à la maison, il était temps de s'attaquer aux fondations des chambres de visite.
On commence par celle du backwash de la lagune.
On utilise une poubelle en PVC noir qui trainait dans le garage pour faire office de chambre de visite et on creuse un trou depuis le fond de la lagune vers la chambre de visite pour y faire passer ultérieurement le tuyau de vidange.
C'est ensuite au tour de la pompe.
Puisque mon projet était de pouvoir patauger dans le bassin au milieu des plantes et éventuellement de deux ou trois petits poissons tout au plus (utiles pour l'élimination des larves de moustiques), je souhaitais que l'endroit soit aussi sécuritaire que possible. La pompe serait donc placée à l'extérieur du bassin pour qu'il n'y ait rien d'électrique dans celui-ci. Le matériel aquatique doit bien entendu répondre à des normes strictes en terme de sécurité, mais je préfère pécher par excès de prudence.
Les chambres de visite de la pompe et du backwash ne doivent pas forcément être étanches puisque la pompe fonctionne également en immersion, tandis que la vanne n'est qu'un robinet en plastique.
Nous en profitons ensuite pour créer une deuxième petite rivière depuis la lagune ... Pourquoi s'arrêter en si bon chemin ...
Une tranchée est également réalisée à côté de la deuxième rivière afin d'accueillir le tuyau qui amènera l'eau du bassin du bas depuis la pompe vers la lagune en vue de sa filtration.
La forme et la profondeur des bassins sont retravaillés jusqu'à arriver au résultat escompté.
L'idée était d'obtenir un aspect très naturel, aussi proche que possible d'un cours d'eau en pleine nature, sans intervention de l'homme. Il fallait aussi que la rivière et le bassin du bas soient praticables afin que l'on puisse y circuler relativement aisément.
En reprenant les mesures finales, je me suis rendue compte que le dénivelé entre les deux bassins (plus exactement entre la pompe qui se situe environ 40 cm sous le niveau de l'eau, et la lagune) était nettement plus grand que je ne l'imaginais (1m80 au lieu de 1m), ce qui était problématique puisque la puissance de la pompe qui devait ramener l'eau du bassin du bas vers la lagune n'était pas suffisante.
Il me fallait donc une pompe plus puissante pour qu'elle puisse remplir pleinement son rôle.
Puisque je devais échanger la pompe, c'était l'occasion d'en prévoir une autre qui pourrait assurer un débit suffisant pour une cascade supplémentaire dans le bassin du bas.
La pompe fut donc munie d'un Y avec des vannes permettant de réguler le débit dans chacun des tuyaux.
Au cinquième jour de chantier, les fondations sont terminées.
Rendez-vous dans un prochain billet pour la suite des travaux ...